Le président d'Itinérances, une association qui vient en aide aux migrants, serait mort le mardi 12 mai après avoir reçu des coups de barre de fer. Le suspect interpellé peu après les faits au domicile de la victime à Bretteville-en-Saire a été placé en détention.
L'audition de ce jeune Afghan tout juste âgé de 20 ans n'a pas vraiment permis de comprendre pourquoi le président de cette association qui hébergeait des migrants à son domicile a été tué. Entendu par téléphone avec l'aide d'un interprète, il n'a pas nié les faits. Mais il n'a semble-t-il pas vraiment expliqué ses motivations. Le juge d'instruction du pôle criminel de Coutances l'a mis en examen pour assassinat ce mercredi 14 mai, ce qui laisse entendre que la justice soupçonne une préméditation. Le jeune homme a immédiatement été placé en détention provisoire.
Les faits remontent au mardi 12 mai au domicile. Il se sont déroulés au domicile de la victime, à Bretteville-en-Saire, au lieu-dit La Monteux ( 50), près de Cherbourg-en-Cotentin. D'après des témoignages, "Jean Dussine dormait quand l'individu, un migrant afghan d'à peine 20 ans, s'en est pris à lui à coup de barre de fer. Il n'a pu être ranimé."
Dans la matinée, le procureur de la République de Cherbourg, Yves Le Clair, a confirmé l'arrestation d'un migrant afghan, qui a été placé en garde à vue. La police scientifique s'est rendue sur les lieux. Depuis, le parquet de Cherbourg s'est déssaisi au profit du pôle criminel du palais de justice de Coutances.
Un homme engagé aux côtés des migrants
Jean Dussine était président de l'association cherbourgeoise d'aide aux migrants Itinérance depuis 2016.
Cet enseignant à la retraite, ancien instituteur et directeur de l'école de Gonneville dans la Manche, hébergeait à son domicile des migrants. Ces derniers auraient donné l'alerte et permis l'arrestation de l'auteur présumé des faits. L'enquête devrait permettre de déterminer le mobile de cet homicide et les circonstances exactes de ce drame.
Bouleversé par le meurtre de Jean Dussine, président de l’association #Itinérance de Cherbourg dont la générosité était connue de tous et forçait l’admiration car c’était un engagement concret au service des plus faibles. Je m’associe au deuil de sa famille et de ses amis.
— Philippe Bas (@BasPhilippe) May 12, 2020
En Mars 2019, nous avions réalisé ce reportage sur des cours dispensés par le biais de l'Association Itinérance, Jean Dussine y rappelait les obligations de l'Etat à l'égard des demandeurs d'asile:
On a une soixantaine de personnes qui devraient être hébergées mais qui ne le sont pas...On a l'impression que c'est pour dégoûter des gens. Jean Dussine, mars 2019
Le Maire de Cherbourg-en-Cotentin Benoît Arrivé a rendu hommage à cet " homme chaleureux, bienveillant et responsable, entièrement dévoué à la cause de ces hommes et de ces femmes dont il s’occupait sans relâche."
Aménager un point d’eau, faciliter l’accès à des douches, augmenter les moyens de l’association ou plus récemment lorsqu’il a fallu accompagner des migrants pendant la pandémie, il a sans relâche cherché le soutien de la collectivité dans son combat. Soutien financier pour leur apporter de l’aide matérielle ou soutien politique lorsqu’il avait besoin de peser face à l’État notamment. Son humanité, les valeurs de solidarité qu’il avait chevillées au corps et que nous partageons nous ont souvent convaincus de la justesse de son combat.
"La politique d’accueil des migrants, généreuse et raisonnée, que notre ville a tissée depuis plusieurs années et qui fait référence en France a souvent été élaborée avec Itinérance et Jean Dussine. La relation pacifiée qu’il savait entretenir avec ses interlocuteurs, doublée de solides convictions, était son meilleur atout et sa plus grande force de conviction."